Au fond de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), se trouve la ville de Bukavu, qui abrite une communauté de femmes survivantes de la violence.
Depuis qu’elle a ouvert ses portes, cette communauté de leadership transformationnelle appelée la ville de la joie a diplômé 1 380 femmes leaders. Ici, les femmes sont guéries de leur traumatisme passé grâce à des programmes de thérapie et de compétences de vie et reçoivent les ingrédients essentiels pour avancer dans la vie, soutenues par l’amour et la communauté.
Le programme accueille 90 survivants de violence sexiste âgés de 18 à 30 ans à la fois.
Récemment, le fabricant de tissus néerlandais spécialisé, Vlisco, a été invité à créer une collection de mode pour honorer les femmes de la ville de la joie et le chirurgien qui travaille avec elles, le Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix 2018.
Cinq designers internationaux ont travaillé avec 15 diplômés de City of Joy pour créer une collection de vêtements responsabilisants et personnalisés utilisant de nouveaux tissus.
Les tissus se composent de cinq motifs super-wax imprimés traditionnellement incorporant 100 couleurs vives et différentes.
La collection a été présentée lors d’un gala devant un public mondial à Kinshasa en novembre de l’année dernière pour marquer la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et tous les bénéfices de la vente de la collection ont été donnés à la Cité de la joie.
David Suddens, PDG de Vlisco, a déclaré à FORBES WOMAN AFRICA que les cinq créateurs internationaux, tous africains, étaient désireux de se joindre aux efforts de la société pour aider les femmes de l’est du Congo.
«Ils ont été immédiatement fiancés même s’ils n’étaient pas au départ au courant de la ville de la joie et de l’ampleur du viol et de la brutalité. Une fois qu’ils ont rencontré les femmes, ils ont formé un lien d’amour et de respect.
“La beauté du paysage congolais est représentée; sa rivière, ses forêts, sa nature. Des racines sombres de la forêt, lentement les fleurs commencent à pousser, les papillons apparaissent, les oiseaux sont dans le ciel et le soleil est aperçu derrière les nuages. “
Suddens poursuit: «Ce fut un réel plaisir de travailler avec les cinq designers; ils ont non seulement créé et fabriqué les vêtements en très peu de temps, ils ont volé de grandes distances pour être avec les femmes (l’un a interrompu ses vacances en famille aux États-Unis pour être en RDC) et ils ont eu un impact énorme sur les femmes. ils ont conçu pour. Le lien était palpable.
Les designers ont écrit à Suddens et Gabriela Sanchez, une créatrice mexicaine hollandaise et responsable des projets créatifs chez Vlisco: «Merci beaucoup d’avoir changé non seulement nos vies cette année avec cette expérience, mais aussi de nous avoir mis en contact avec ces femmes extraordinaires, avec histoires fascinantes et âmes divines. Vous êtes tous les deux une bénédiction pour nous. ” La fondatrice de City of Joy, Christine Schuler, a déclaré à Suddens et Sanchez que de nombreuses personnes visitent la communauté, mais «personne ne nous a compris comme vous».
Cueilli à la main pour vous
Cueilli à la main pour vous
Interrogé sur l’impact des créations et de cette collaboration sur la communauté, Suddens déclare: «Les créations sont liées à la vie et à la souffrance, à l’espoir et au courage des femmes de la Cité de la joie. Vous deviez voir leurs visages s’illuminer lorsqu’ils ont vu les dessins pour la première fois. Ils étaient ravis.
Les principales histoires exprimées dans les designs de tissus concernent fondamentalement le voyage de la douleur au pouvoir.
«Les dessins, en bas, sont sombres, tordus, voire menaçants. Mais au fur et à mesure que l’œil monte, il y a progressivement plus de lumière et les images symbolisent l’espoir, le respect et l’amour », explique Suddens.
«La beauté du paysage congolais est représentée; sa rivière, ses forêts, sa nature. Des racines sombres de la forêt, les fleurs commencent lentement à pousser, les papillons apparaissent, les oiseaux sont dans le ciel et le soleil est aperçu derrière les nuages.
«Dans un des dessins, un lion, digne et plutôt triste, symbolise le Dr Mukwege. Dans un autre, la fraternité est représentée, avec des fils entrelacés joignant les «mains» à mesure qu’ils deviennent plus légers mais plus forts. Et deux dessins représentent la beauté du vagin, plein de fleurs sur le fond sombre de l’univers.
FORBES WOMAN AFRICA s’est également entretenu avec la créatrice internationale Aisha Ayensu, fondatrice et directrice créative de la marque de mode Christie Brown connue comme un acteur de l’essor de la mode africaine contemporaine depuis sa création il y a 11 ans.
«Ce projet m’a donné un aperçu de première main sur la façon dont la mode peut être utilisée comme un outil de changement social, mais surtout, rencontrer ces femmes remarquables, partager leur joie et apprécier d’où elles viennent et leur voyage de la douleur au pouvoir a a complètement changé la façon dont je vois mon travail et mon objectif », dit Ayensu.
Elle rappelle son expérience à Kinshasa comme magique. «Il était important que l’événement de gala ait mis en évidence leur pouvoir et leur rétablissement plus que les atrocités auxquelles les femmes ont été confrontées, mais tout de même, sensibilisant à ce qui peut encore se passer et comment nous pouvons aider à mettre fin à la violence contre les femmes.
«J’ai eu une expérience avec l’une des femmes de Bukavu, quand elle a fait son premier essayage… La pure joie et l’excitation sur son visage quand elle a vu sa tenue et s’est exclamée en langue locale« pour moi? »Incrédule. Quand elle l’a mis et a vu une photo d’elle-même, elle a commencé à pleurer des larmes de joie et a également commencé à dire “est-ce moi, aujourd’hui regarde-moi, je suis aussi quelqu’un”. Cette réaction n’a pas de prix. Lorsque la mode et le design sont délibérés et bien pensés, ils ont le pouvoir d’élever une femme d’une manière que vous ne pouvez pas imaginer. “
Suddens ajoute: «Jamais ils n’auraient pu imaginer porter leurs propres créations transformées en vêtements par des créateurs africains. Pour comprendre, vous devez voir leurs visages. Vous devez les voir littéralement danser de joie. “
-Jill De Villiers
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